chez-robert hors les murs été 2017
une exposition / évènement avec « canal satellite AC » et les artistes:
charlotte caragliu, collectif étadam, ivan fayard, vincent ganivet, laurence nicola
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>>> Présentation de l'évènement
Il y a un an, en juillet 2016 à Migennes et avec « canalsatellite », chez-robert ouvrait un nouveau chapitre avec une exposition “hors les murs”. Après sept ans et trente-six expositions l’enjeu était alors de sortir du cadre de la galerie et d’expérimenter des productions dans un autre contexte.
Pour cette deuxième programmation “hors les murs” dans ce même lieu, l’angle diffère quelque peu. Il s’agit maintenant d’interroger une autre dimension, celle du temps.
La particularité de la galerie “chez-robert” est liée à son espace singulier et aux productions spécifiques induites par son échelle. D’autres questions d’échelle sont à l’oeuvre avec cette proposition qui va se déployer sur une journée et réunir des pièces de différentes temporalités : les années 90 pour les “proboscides” du collectif Etadam, les années 2000 pour le “feu d’artifice tiré en plein jour” de Vincent Ganivet et pour “le pain” de Laurence Nicola, enfin les années 2010 pour «waiting landscape» de Charlotte Garagliu et pour les “peintures de poche” d’Ivan Fayard. Toutes ces pièces ont en commun le fait d’être fugitives ou précaires. Elles s’inscrivent à la fois dans le temps et y échappent. Il s’agit en quelque sorte de gestes éphémères qui transcendent les époques.
Le dessein est de réunir dans un même lieu et dans la même journée ces formes hétérogènes mais cohérentes, rudimentaires mais subtiles et de nous inviter “à penser l’éphémère, non plus sur le mode mélancolique des Vanités du dix-septième siècle chrétien ni sur celui, désespérément impatient et insouciant, de notre culture kleenex, mais sur celui, positif voire euphorique, de la rencontre harmonieuse et merveilleuse de quelques flux, souffles ou énergies, hic et nunc.” (Bernard Lafargue in l’art de l’éphémère ,figures de l’art 12)
mdlx/michel delacroix
CHEZ ROBERT HORS LES MURS ÉTÉ 2016
>>> Présentation de l'exposition
‘chez-robert espace d’art’ a été créé en 2007, trente-six expositions ont été organisées dans cette galerie expérimentale. En 2014, le FRAC Franche-Comté a consacré une exposition à ce projet et édité une publication.
Ce fut la fin d’un cycle mais non l’épilogue de cette aventure. Lors de ces années riches en rencontres, échanges et collaborations, des liens se sont créés, un réseau s’est tissé. Il s’agit maintenant de poursuivre, écrire d’autres épisodes, expérimenter d’autres possibles dans des formats différents.
Cette exposition “chez-robert hors les murs” à Migennes amorce un nouveau cycle et, dans un même mouvement, boucle un cercle. C’est en effet dans ce même lieu, neuf ans plus tôt, qu’a été montée l’exposition inaugurale de “chez-robert” avec Patrice Ferrase comme artiste invité. Ce lieu est porteur de cette histoire mais aussi de beaucoup d’autres; c’est un lieu vivant, un atelier d’artiste, un espace de production. Sa situation géographique n’est pas banale, un ancien bâtiment du Comptoir Général de Navigation enchâssé entre des voies de chemin de fer et le canal de Bourgogne. Entrelacs de réseaux, télescopage de temporalités, grondement des trains et calme du canal, tous ces composants en font un terrain fertile pour imaginer une aire de prospection, un carrefour de questionnements et de création.
Ce biotope est à la fois passionnant et complexe. Mettre à l’épreuve leurs facultés d’adaptation et de rebonds fut l’un des postulats qui a guidé le choix de ces six artistes sélectionnés. Ils ont en commun l’attention portée au contexte et la capacité à régénérer leur production en fonction des situations proposées.
L’essentiel des pièces produites lors de cette exposition sont des oeuvres contextuelles. Elles sont, pour une part d’entre elles, réalisées sur place avec les moyens techniques de l’atelier, l’aide logistique et les appuis locaux de Canal Satellite.
La géographie du lieu, les voies de chemin de fer, le flux du canal sont matière à création pour Béatrice Duport qui aime à questionner les notions de territoire et de frontière, d’identité et de culture. La sculpture “Est-ce le sens qui s’éloigne ?” résulte d’empreintes en creux d’un rail de chemin de fer. Le choix de cette forme bleue en négatif matérialise le vide et syncrétise les voies ferrées et fluviales. On retrouve ces flux et cette énergie dans la photographie “Silence assourdissant” accrochée au plus près du fil de l’eau, en écho à la pièce au sol.
Dans l’axe de ces rails le regard bute sur deux points d’impact qui semblent flotter dans une grande feuille blanche. En fait, leur écartement correspond aux deux butoirs que l’on trouve sur les trains et leur matière est la trace de la graisse qui les recouvre. Pour réaliser ces deux empreintes, Matthieu Martin a utilisé des composants de proximité, à savoir une locomotive et un wagon.
Toujours en lien avec l’environnement, Matthieu a amarré “Blues” en vis-à-vis de l’atelier. Ce voilier au mat transmué en lampadaire urbain est l’indice parfait, il peut se voir comme une entrée en matière au regard de l’ensemble.
Autre type de déplacement avec Marion Robin qui métamorphose le fauteuil Rietveld, un classique du design, en une chaise longue installée sur la terrasse face au canal. Mais elle n’est pas restée sur ce balcon, elle a aussi tissé des liens avec la ville et précisément son marché couvert. Photographiant image par image une frise qui court le long du bâtiment elle en a créé une animation, circulation métaphorique, circulation formelle avec le geste d’animer un élément figé et de lui donner une nouvelle vie.
Une lecture sémiotique, non dénuée d’humour et de poésie est en jeu avec les propositions de Laurent Lacotte. Lui aussi a arpenté la ville. Au hasard de son parcours, il a trouvé une cage à oiseau dans une poubelle puis l’a déplacée dans un quartier délibérément choisi. L’image obtenue procède d’un télescopage, d’un changement d’échelle mais surtout d’un parti-pris, d’un angle de vue qui va au delà de la séduction. Quant à “Dog Pantone”, c’est une pièce incongrue au premier regard mais qui est d’une polysémie stimulante. Elle englobe un large éventail de lectures possibles depuis le geste du grapheur, la parodie, le document, le protocole en passant par le readymade et la peinture animalière.
Avec Nicolas H Muller, le contexte de l’atelier devient le contenu. Pour ce projet il s’est imposé de travailler dans le lieu donné et dans un temps donné avec les matériaux disponibles sur place. Il propose des boucles, des tautologies souvent surprenantes. Sol relevé, néon trouvé pour une pièce qui ouvre sur l’infini, stalactites de métal qui résultent de la découpe de leur propre socle, contrepoids qui contrebalance sa propre image, tous ces dispositifs reconsidèrent avec bonheur le système de production et de perception des oeuvres.
Les histoires passées et à venir ont aussi inspiré Simon Nicaise qui met en espace un touret en bois avec une bougie de plusieurs centaines de mètres de long. Cette métaphore de la flamme éternelle résonne particulièrement dans ce contexte avec l’énergie déployée dans ce projet, avec la part irréductible de la création, avec cette histoire en train de se construire.
mdlx/michel delacroix